Chère Mamie,
En ce jour de fête des grands-mères, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à toi… et ce tout au long de la journée.
Je me suis levée ce dimanche, tôt, comme toujours, ce que je tiens de toi.
Il fait beau dehors, lorsque je lève le store et que le soleil baigne ma chambre d’une douce lumière.
Aujourd’hui, je le sais c’est le jour de messe et de ménage.
Alors, après avoir petit déjeuné, j’entame ménage et rangement.
Une fois l’aspirateur et la serpillière rangés, je range aussi mes armoires, pour tomber sur les photos de famille.
En voilà une, de toi sur le canapé, ton foulard élégamment posé sur la tête, tu souris à l’objectif, ta traditionnelle coupe de champagne posée sur la table basse…
Une autre, où tu porte mon petit frère, encore bébé dans tes bras, un large sourire illumine tes traits réguliers pour le photographe.
Mon Dieu, cela fait un an bientôt.
Je ne m’y habitue pas.
J’ai juste envie de t’appeler, de prendre ta main, mais tu n’es pas là.
Je ne t’appellerai plus à Andrésy pour savoir comment tu vas, je ne sentirai plus l’Yves Saint Laurent, signature olfactive qui était la tienne …
Je fais peine à voir. A pleurer sur mes photos à 11 h du matin…. Un string me sert d’élastique pour nouer mes cheveux, et je reste assise par terre à contempler nos souvenirs…
Plus tard, je décide de sortir au marché. Il a fallu que je grandisse un peu pour aimer les marchés…
C’est vrai qu’il fait doux, pour un dimanche d’hiver, je rentre les mains dans les poches de manteau, j’écoute en boucle cette situation qui me fait penser à toi.
Lorsque j’arrive sur le cours Saleya (tu aurais adoré le marché du Vieux Nice, avec ses fruits, ses légumes, ses fleurs… toutes ces couleurs du soleil…), il est près de 14h, et il n’y a presque plus de marchands… pourtant un fleuriste reste, à servir les derniers clients.
Il me reconnait et me sourit :
« Des roses. Comme tous les dimanches.
Oui, monsieur, mais j’en voudrais des blanches s’il vous plait cette fois ci. C’est pour ma grand-mère.
Oh ! eh bien oui ! jolie demoiselle, c’est sacré les grands-mères ! ».
Je souris. Si seulement vous saviez combien c’est vrai aujourd’hui…
Je ne vais pas encore pleurer hein ? Mamie m’a appris à rester digne.
Je devais acheter mes fleurs du dimanche et dire bonjour à mon ami Eric et à sa petiote qui déjeunent sur le cours.
Mais j’ai eu un peu de retard, alors nous décidons de faire un tour.
Lui aussi achète à sa grand-mère un magnifique bouquet chaud et coloré à la niçoise. C’est la mistinguette de quatre ans qui aura l’honneur de le lui offrir.
Nous partons vers la place, en quête d’une terrasse où boire quelque chose de chaud.
Mais, la blondinette nous tire par le bras, elle veut aller dire bonjour au petit Jésus.
C’est adorable.
J’avais prévu d’aller m’assoir un moment en rentrant.
Je les suis, donc et vais saluer la Vierge Marie.
Je sais combien tu l’aimes ma petite Mamie.
Alors je m’assois un moment.
Pour prendre de tes nouvelles et te parler un peu de la famille.
Machinalement, ma main se porte à mon cou… je porte ta chaine mamie, avec la petite poupée baoulé que tu m’as offerte pour mes douze ans. Tu me manques, tous les jours.
Mais je ne suis pas inquiète. Je sais très bien que tu es avec papi Paul et tata Lily… tu as peut-être aussi des nouvelles de manou ?
En plus, je suis sûre que tu t’entends toujours aussi bien avec Saint Antoine, et qu’il veille sur vous.
Je me décide à partir, je redeviens larmoyante, il y a toujours tant d’émotions dans les églises…
Je rentre peu après. Je dis au revoir à mon ami et à sa jolie petite fille.
Je rentre mettre tes roses blanches dans un vase.
Je suis un peu triste et esseulée aujourd’hui.
Plus de maison d’Andrésy, plus de petit jardin… ni de tour à Franprix ou à Vauréal en petite Clio blanche….
C’est une partie de nous qui est finie.
Alors j’ai encore écouté la chanson. Et j’ai décidé de t’écrire cette lettre.
Encore des larmes.
Que le Bon Dieu m’aide avec ça.
Je t’écris pour te dire que je t’aime. Avec maman, tu es la plus belle personne que je connaisse.
Je suis fière de l’héritae que tu nous a transmis, avec douceur, force et sagesse.
Nous sommes des guerrières. Battantes, endurantes et courageuses comme tu nous as appris.
Tu restes pour moi un exemple de sagesse et de bonté.
Oh mamie blue, je sais bien que tu me protèges. C’est juste un peu difficile. Parfois. Mais je ne veux pas me plaindre n’est ce pas. Je ne suis plus une petite coco qui montait sur tes genoux quand j’avais du chagrin.
Alors, je vais sécher mes larmes car je vais ruiner le papier je t’écris.
Merci de mù’avoir accompagnée aujourd’hui.
Je suis sure que tu es là assise près de moi, même si je ne te vois pas.
La main sur mon épaule (toujours trop vieille pour monter sur tes genoux), à murmurer à mon oreille que tu es bien, que tu es heureuse et que tout ira bien.
Ces roses que nous avons choisies aujourd’hui sont décidément magnifiques.
J’espère qu’elles tiendront longtemps.
Je vais passer te voir plus souvent mamie, et je prendrai de tes nouvelles auprès de la Vierge Marie.
Tu me manques beaucoup, quand même.
Je t’aime et je t’embrasse,
Coco, qui est devenue grande.